Jules et le dépanneur Chez Pinard



Tous les jours, en allant à l’école avec mes amis, je passe devant le dépanneur «l’Accommodation du Nord». Nous, on ne l’appelle jamais comme ça. On dit Chez Pinard parce que le monsieur qui en est le propriétaire s’appelle monsieur Pinard.

Chez Pinard c’est un petit dépanneur ouvert tout le temps et qui vend toutes sortes de choses : des magazines, des journaux, des boissons gazeuses, des chips, des tablettes de chocolat qui coûtent trop cher et, dans un grand comptoir vitré, tout plein de bonbons de toutes les couleurs.


Quand je n’ai pas d’argent, j’entre pour regarder les bonbons dans le comptoir vitré. Mais quand j’ai des sous, je dépense tout mon argent de poche. Alors, maman n’est pas très contente. Elle dit que l’argent me brûle les doigts. Je ne sais pas pourquoi elle dit ça parce que je trouve que les sous c’est froid, surtout l’hiver.

Chez Pinard, je demande à monsieur Pinard des gommes à cinq sous, des petites framboises en gelée ou autre chose. Il prend alors un petit sac de papier brun. À chaque bonbon qu’il met dans mon petit sac, il respire très fort et il répète la même chose:

– Bon. En as−tu assez comme ça, maintenant ?

Les bonbons, c’est très difficile et très long à choisir. Il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs.
Des bonbons qui pétillent dans la bouche, des colliers en bonbons, des petites poubelles en plastique remplies de bonbons, des casse-gueules qui sont très durs pour les dents, des suçons deux couleurs qui goûtent la poudre, des réglisses noires, des réglisses rouges, des petits bâtons à tremper dans de la poudre sucrée, même un étrange harmonica rempli de jus censé goûter à l’orange…

Avec les amis, j’y vais très souvent. On y est même allé le jour de l’Halloween. Pierre portait la robe préférée de sa maman. J’étais déguisé en vieux monsieur avec une perruque qui me servait de barbe, Érik en légionnaire romain et Stéphane en cuisinier. C’est lui, bien sûr, qui a eu l’idée d’aller Chez Pinard.

– On va avoir tout plein de super bonbons, a dit Stéphane.

Tu parles ! Tout ce qu’il nous a donné ce sont les vieux bonbons pas bons qu’il ne vend jamais !

Madame Cabana, notre professeur, n’aime pas beaucoup nous voir arriver dans la classe avec nos petits sacs de papier brun. Ce matin, elle n’était pas de très bonne humeur : Michel, un garçon de la classe, s’est mis à manger des petits oursons en gelée à son pupitre.

– Michel ! Tu ne peux pas manger des bonbons tout le temps comme ça, elle a dit avec ses gros yeux. Surtout après dé
jeuner !


– Oh, moi ça ne compte pas, madame Cabana ! Je n’ai pas déjeuner. Il n’y a jamais rien pour déjeuner à la maison.


Madame Cabana est devenue silencieuse et elle est sortie de la classe avec Michel.

Je suis devenu tout mal pour lui sans savoir pourquoi.

Je crois qu’à la récréation je vais offrir à Michel de partager ma collation.

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